15 août 2020 - Guédelon

Je vous propose aujourd'hui de faire un "bond" dans le passé... et plus précisément au coeur du Moyen-Age ! 

La première fois que j'ai entendu parler de Guédelon, c'est en 2003. En effet, la sage-femme qui suivait ma grossesse y était allé et m'avait vanté l'endroit. Sauf que... je trouvais que c'était beaucoup trop loin de chez nous ! Mais je n'avais pas percuté qu'une fois que nous étions chez ma copine d'enfance de l'Yonne, eh bien c'était beaucoup moins loin 😁. Alors quand elle nous propose d'y passer une journée, je suis ravie !.

L'origine du projet remonte à 1995, quand des spécialistes des châteaux apprennent au propriétaire du Château de St Fargeau tout proche, que sous son château, il y a un château médiéval, qu'il serait passionnant de reconstruire ! 

Une fois le terrain trouvé, et une équipe de passionnés constituée (maçons, carriers, bucherons, tailleurs de pierres...), l'aventure peut commencer. Le site retenu met à disposition les matières premières nécessaires à la construction : pierre, bois, terre, sable, argile...

Le château est une pure création et s'inspire des réalisations des 12 et 13ème siècles. Les plans ont été réamis en oeuvre par un architecte des Monuments Historiques et le chantier se veut scientifique, historique, pédagogique, touristique et humain.

Nous sommes en 1229, sous le règne de Louis IX (futur St Louis), et la construction commence : tout d'abord l'enceinte fortifiée, puis le logis, la chambre, la cuisine, une partie du chemin de ronde... au fil des ans, des bâtiments annexes sont construits, toujours selon les méthodes de l'époque (c'est à dire sans mécanisation), et abritent les différents métiers du chantier, où les "oeuvriers" présentent leur savoir-faire : 100 personnes travaillent aujourd'hui sur le site, dont environ la moitié travaille sur le château. Le site reçoit également les "bâtisseurs" , particuliers qui souhaitent participer à l'aventure, des compagnons qui  apportent leur savoir-faire......

Nous commençons la visite en pénétrant dans une immense grange à la charpente impressionnante, où une maquette du château terminé est présentée.Puis nous arrivons devant le château... où il y a même le pilori (d'ailleurs il est occupé par quelque redoutable brigand 🤣).

Notre premier arrêt est devant le bâtiment du tailleur de pierres,

qui travaille le grès et le calcaire.

Puis nous passons devant les carriers, qui extraient les blocs qui seront ensuite retravaillés par les tailleurs de pierre en fonction des besoins.Le bâtiment qui sert d'ateliers pour les scolaires, aujourd'hui délaissé pour cause de virus...

Et voici la "tour des petits bâtisseurs", qui leur permet de se défouler quand la visite commence à peser....

Vue de la tour maîtresse, qui abrite au sous-sol une cave, au rez-de-chaussée une salle de tir, aux 1er et 2ème étages les chambres seigneuriales et au 3ème étage la "défense" (en cours d'achèvement).

Nous voici devant l'atelier de la vannière, qui tresse l'osier pour confectionner les paniers du chantier appelées mannes. Moins lourdes que les seaux en bois, elles permettent de transporter plusieurs kilos de mortier. Elle utilise du jeune noisetier ou de l'osier, pour tresser des volets, des clôtures pour le potager, des gourdes, des ruches...

Nous arrivons dans la cour du château : au fond, le chemin de ronde qui relie la Tour de la Chapelle à la tour du Pigeonnier ; à droite la tour de la Chapelle, et le logis seigneurial.

Le plafond de la salle du rez-de-chaussée de l'une des tours :

Une "cage à écureuil", véritable "grue" du Moyen-Age, qui sert de treuil pour soulever de lourdes charges.
Il y en a au moins deux sur le site, et nous avons vu la seconde en fonctionnement : deux personnes "marchent dans la roue", qui entraîne des cordages, permettant de soulever sans effort des pièces importantes.

Nous entrons dans le logis seigneurial, et arrivons dans le cellier... y avait de quoi entreposer les victuailles... 

Nous pénétrons par une porte étroite dans la cuisine avec son imposante cheminée

 Au 1er étage, la chambre du seigneur. Pas très grande, mais dotée d'une cheminée décoréeet jouxtant la chambre, comble du luxe, des latrines 😄... C'est vraiment pas large, et faut bien viser 😏 Par contre, pas de problème d'évacuation : ça tombe directement à l'étage en dessous 🤣

Le couloir qui relie les chambres à la grande salle n'est pas très large non plus... Fallait pas être claustro au Moyen-Age 🙄

Et nous voici dans la Grande Salle, où le Seigneur recevait (et en 2020, le Seigneur est masqué 😊) :

Dans une autre chambre du logis, on peut voir de jolies peintures murales :

Une porte où le ferronerier s'est éclaté :

Et une "fenêtre d'observation" d'où l'on peut faire sa commère assise, sans se fatiguer😉

Vue sur la cour depuis la grande salle :

Sur la photo suivante, on peut voir l'appentis, passage couvert qui permet la circulation entre le cellier, la poterne (sortie "discrète" en évitant le pont levis) et la Tour de la chapelle. Au dessus, le chemin de garde couvert et en arrière plan la Tour de la Chapelle.

Nous passons ensuite par le potager, pour nous diriger vers le "village", où plusieurs bâtiments sont disséminés, abritant les différents métiers du chantier.

Ainsi le cordier, qui fournit le chantier en cordages plus ou moins longs et de diamètres différents, selon les besoins.

Une petite resserre abrite les produits du potager :

Et voici les tuiliers, qui fabriquent des milliers de tuiles depuis le début du chantier (il en a fallu 28.000 rien que pour couvrir le logis)Une fois foulée, battue et moulée, l'argile est mise à sécher 

dans un bâtiment très "aéré"avant d'être cuite au four

puis entreposée jusqu'à utilisation.
Et voici la "potière", qui façonne sur son tour à pied des pots ou des écuelles, mais aussi des faîtages qui serviront aux maçons !

Un métier moins connu de nos jours, le "tavaillonneur"... cékoidon 🧐 me direz-vous ! Eh bien le tavaillonneur fend le bois à l'aide de coins pour réaliser des tuiles de bois. Le bois, fendu plutôt que scié, sera plus résistant, imperméable et moins sujet à déformation.

Les tuiles de bois (appelées différemment selon les régions : tavaillons, tavillons, bardeaux, essentes...) sont plus légères et moins onéreuses que les tuiles cuites. Sur le chantier, les tuiles de bois sont en chêne.

Après avoir vu sur le plan qui nous a été remis à l'entrée, qu'il y avait un moulin (du 12ème siècle) à environ 500 mètres du site principal, nous décidons de nous y rendre. Nous passons devant le poulailler, hélàs inhabité pour l'instant :
Par contre, un peu plus loin, ce sont les oies qui gardent les charriots !

Et voici le moulin, et son énergique "meunier" qui nous raconte l'histoire de ce moulin hydraulique du 12ème siècle, qui existait dans le Jura. Inauguré en 2014, il permet de moudre de la farine comme au Moyen-Age.

La pièce d'eau toute proche alimente le bief... sauf qu'en ce moment, le niveau est très bas... et ne permet pas d'alimenter la roue !

Qu'à cela ne tienne, notre "super-meunier" prend la place de l'eau et nous fait une démonstration 😊 

Il y avait beaucoup de monde, et l'espace autour du moulin est assez réduit... alors je n'ai pas pu le photographier de face... aussi je n'ai que cette photo de l'arrière pour vous donner une vue de l'ensemble. 

Nous rebroussons chemin, et revenons vers le "village" et terminons par "l'atelier des couleurs"Ici, on travaille les couleurs avec les végétaux que l'on trouve dans la nature... et la palette est large : 15 nuances de pigments sont produites ici : ocre rouge, ocre jaune, ocre brune, argile calcinée, hématite, terre de poussier, bleu grisé...

Notre visite s'achève, j'espère que vous y aurez pris autant de plaisir que nous.

Nous n'avons pas terminé notre journée, mais ça sera pour un autre article... à bientôt 🤗

Guédelon

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