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P'tit Ecureuil et ses Hommes
23 août 2020

14 août 2020 - La maison de Colette à St Sauveur en Puisaye

Cela fait déjà une semaine que nous sommes rentrés de notre week-end Bourguignon, et je viens seulement de trier les photos 🙄 

Il faut dire que nous avons été pas mal occupés car nous avions inscrit notre Ado à un stage de code "intensif" : de mardi à samedi matin, de 8 à 12h et de 14 à 18h ! Examen samedi à 13h... et nous sommes très fiers, car il l'a décroché du 1er coup ! Ca, c'est fait 😋. Il enchaîne la semaine prochaine avec les heures nécessaires pour la conduite accompagnée. A partir de septembre, j'aurai un chauffeur particulier 🤗

Mais revenons à notre escapade dans l'Yonne. Nous avons décidé de débuter notre séjour par la visite de la maison de Colette, située dans un petit village de 1.000 habitants : Saint Sauveur en Puisaye.

Nous avons suivi "Mme Google", qui nous a conduits jusqu'au "Musée Colette", installé dans le château du village. 08 14 ST SAUVEUR (31)On trouve ici une exposition des oeuvres de l'auteure, mais aussi des animations variées, un salon de thé et une boutique de produits régionaux. 08 14 ST SAUVEUR (32)Mais comme c'était le lieu où a vécu Colette qui nous intéressait, et que l'heure avançait, nous avons fait l'impasse sur le musée.

Nous voici dans la "Rue Colette" (anciennement Rue de l'Hospice),08 14 ST SAUVEUR (0)puis devant sa maison natale. Nous passons le porche, et nous sommes accueillis par un bénévole de l'association "la maison de Colette" qui nous explique de manière très vivante la vie de Colette et de sa famille. Après nous avoir remis un petit recueil (qui va bien me servir pour vous restituer notre visite), nous partons à la découverte de cet écrivaine, dont tout écolier des années 50,60 et 70 a lu au moins un ouvrage 😉

Je prie mes lecteurs qui n'aiment pas trop "lire" justement : je vais avoir plein de choses à dire sur cette visite... alors pour ceux que cela "saoûle"... regardez juste les photos 🤣

Nous commençons par "le jardin d'en face" : petit espace verdoyant acquit par la famille Colette, pour être sûre de ne pas avoir de vis-à-vis 😉 et depuis lequel on peut observer la façade de la maison, que Colette qualifiait de "grave et revêche" avec ses larges fenêtres et sa façade austère. 08 14 ST SAUVEUR (30)

Elle fut construite par la (riche) famille Robineau-Duclos, à la fin du 18ème siècle. Au milieu du 19ème, la maison appartient toujours à la famille, dont le fils Jules est particulièrement laid et a un goût prononcé pour la boisson. Les jeunes filles du voisinage ne se bousculent donc pas pour épouser celui qui représente pourtant un beau parti. 

Mais voilà qu'un jour, arrive une jeune "parisienne", qui a passé sa jeunesse en Belgique, au milieu de ses frères journalistes (donc un peu "bohêmes") : c'est Sidonie, la future mère de Colette. Mariée contre son gré à Jules, pas acceptée par les habitants de ce petit village qui la trouvent trop "libérale", elle trouve réconfort, durant plusieurs années, auprès de son voisin, Jules Joseph Colette, officier de l'armée de Napoléon III avec qui elle partage un goût immodéré pour la lecture (voire plus, diront certains...).

Lorsque Jules Robineau-Duclos a le bon goût de mourir, la laissant seule avec 2 enfants (dont on dit dans le village que le petit dernier serait du "Capitaine" Colette), elle épouse celui qu'elle aime... la rumeur dit alors que les amants auraient précipité la mort de ce "pauvre" Jules...

Au fil des ans, la famille Colette vit recluse dans cette grande maison, dont Colette écrira en 1928 :

"Donne ta main, serre bien la mienne : je t'emmène religieusement vers ma maison d'autrefois, et peut-être que tu dis, pendant que je tremble sur le seuil retrouvé : "ce n'est qu'une vieille maison"... Entre, je vais t'expliquer."

Sidonie et "Le Capitaine" auront deux enfants : Léopold, né en 1866 et Gabrielle en 1873 ("notre" Colette). La famille vit aisément, au milieu des livres, des meubles cossus, dans une ambiance très "libre"... jusqu'au jour où la fille ainée de Sidonie, Juliette, se marie et réclame sa part d'héritage... Les parents Colette sont dépensiers, mauvais gestionnaires... pour constituer la dot, il faut emprunter, puis vendre, emprunter encore, jusqu'à la ruine... pour la plus grande joie des villageois qui n'ont jamais accepté la façon de vivre de ces deux "étrangers" au village !.

En 1890, alors que Gabrielle a 17 ans, la famille doit vendre le mobilier puis quitter la maison. Ce fut pour elle un déchirement, il lui faudra toute une vie et toute une oeuvre pour en guérir.

Partons à la découverte du décor de son enfance heureuse.

La plaque "Ici Colette est née"08 14 ST SAUVEUR (1) fut apposée sur la maison en 1925, après qu'un riche Lyonnais, François Ducharme, lecteur de Colette, eut racheté la maison pour lui en offrir l'usufruit. On raconte que Colette ne put descendre de voiture lors du dévoilement de la plaque, car les habitants du village l'attendaient avec des pierres... ils ont la rancune tenace dans le coin 😋 On retrouve l'origine de cette haine dans "Claudine à l'école" paru en 1900.

Après avoir passé le porche, on arrive dans la cour intérieure, qui abrite l'écurie, le poulailler, la buanderie, la laiterie. Les bâtiments doivent être restaurés, pour l'instant ils ne sont pas ouverts à la visite. 

Nous montons quelques marches pour arriver au niveau de la maison, dont l'entrée est protégée des fortes chaleurs par de la verdure qui courre le long de la façade. "Sido", la mère de Colette, passionnée de botanique, y entrepose ses boutures. 

 

08 14 ST SAUVEUR (27)

Nous arrivons dans la salle à manger, où la table est mise : assiettes de porcelaine fine, couverts en argent, verres en cristal, nappe damassée au chifre de la famille.

08 14 ST SAUVEUR (2)Aux murs, des papiers "peints" ce qui est rare en Puisaye à cette époque.

08 14 ST SAUVEUR (4)

A noter, lors des travaux de réhabilitation, ceux-ci ont été refabriqués à partir de fragments retrouvés dans la maison.

Nous retraversons l'entrée pour découvrir le salon. 08 14 ST SAUVEUR (8)C'est la pièce la plus vaste et la plus confortable de la maison : rideaux en damas, papier à motifs chinois avec des reflets dorés, commode Louis XV (payée 1.500 Francs par Le Capitaine, soit le salaire annuel d'un instituteur de l'époque). 08 14 ST SAUVEUR (9)La famille Colette passait ici beaucoup de temps : les enfant se succédaient sur le piano Aucher sous la surveillance de "Sido", pendant que le Capitaine lisait. 08 14 ST SAUVEUR (7)

Beaucoup de mobilier a été retrouvé par une ancienne institutrice du village, qui, la retraite venue, a décidé de partir à la recherche du mobilier vendu. Elle était surnommée "Miss Marple" car elle était tenace. Grâce à elle, de nombreux meubles et objets ont pu être retrouvés et replacés dans leur décor d'origine.

Nous arrivons dans la chambre des parents : meublée de deux lits "largement espacés", car la mère de Colette avait des idées originales, en matière matrimoniale comme dans beaucoup d'autre domaines !. Elle était très amoureuse de son second mari (le premier couchait dans la chambre de l'étage...), mais considérait que chacun avait droit, au moment du sommeil, à son indépendance 😉.08 14 ST SAUVEUR (10)Sur la table de nuit, on trouve quelques volumes des oeuvres de St Simon, lecture favorite de Sido, et une chocolatière en argent dont une jeune guide fort sympatique nous raconte l'histoire :

"La nuit, vers trois heures, au moment ou l'insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre au chevet de ma mère, une grosse araignée s'éveillait aussi, prenait ses mesures d'arpenteur et quittait le plafond au bout d'un fil 😱. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, et buvait jusqu'à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu'impose un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie..." (La maison de Colette, 1922). Le Capitaine concluait alors l'histoire ainsi "l'araignée n'existe... que sous votre plafond" en montrant la tête de son épouse...

Nous montons quelques marches qui mènent à la chambre d'enfant de Colette, qu'elle appelait sa "tanière".08 14 ST SAUVEUR (11) Elle n'est pas grande, elle est sombre, étroite et basse de plafond mais cela permettait à Sidonie de garder ses enfants en bas-âge auprès d'elle. Colette l'occupera jusqu'à l'âge de 11 ans, avant de récupérer la grande chambre de sa demi-soeur Juliette à l'étage au-dessus.

Nous traversons la chambre des parents pour emprunter le couloir dont les fenêtres donnent sur le jardin, puis l'escalier qui mène à l'étage. Nous entrons dans le bureau du Capitaine, son "antre". 08 14 ST SAUVEUR (15)Il passait des heures ici, devant son bureau où s'étalait tout le nécessaire de l'écrivain : buvard, règles, crayons de couleur, plumes et encres, pains de cire à cacheter...

Colette, enfant, a observé pendant des heures son père travailler à ce bureau. Qu'y rédigeait-il ? Car jamais aucun écrit ne sortait d'ici. Le mystère est résolu à sa mort : dans la grande bibliothèque qui fait face au bureau,

08 14 ST SAUVEUR (13)ses enfants découvrent, tout en haut, une série de volumes étiquettés : "mes campagnes", "les enseignements de (18)70" "l'algèbre de Mac Mahon vu par un de ses compagnons d'armes", etc... etc... Bref, l'oeuvre de toute une vie...  plus de 200 pages par volume, d'un beau papier vergé épais... mais complètement vierges ! L'oeuvre est imaginaire, "le mirage d'une carrière d'écrivain" dira son épouse en 1930.

Puis nous passons dans la chambre de Juliette (qui deviendra en 1884 celle de Colette).
08 14 ST SAUVEUR (19)On comprend pourquoi elle la préférait à sa "tanière" : elle est lumineuse, spacieuse et confortable, une vraie chambre de jeune fille !08 14 ST SAUVEUR (20)

Nous terminons la visite de la maison par la cuisine, au rez-de-chaussée, avec au sol les tomettes caractéristique de la Puisaye. On y trouve une pierre à évier, une cuisinière,08 14 ST SAUVEUR (22)le buffet à linge surmonté d'un vaisselier ; seule manque aujourd'hui au décor décrit par Colette dans ses ouvrages, la "maie" antique, lourde, indestructible.08 14 ST SAUVEUR (25)

Le charme de cette petite cuisine, remplie de grès et de cuivres, c'est l'ouverture sur le "Haut-Jardin", royaume de Sido, vers lequel nous nous dirigeons.

08 14 ST SAUVEUR (6)

Surplombant la rue, mais protégé par de hauts murs doublés d'une abondante végétation, ce jardin est pour Sido et ses enfants un refuge à l'abri du regard méprisant des villageois qui ne les acceptent pas. Ce sera une grande source d'inspiration pour Colette qui y fera souvent référence dans ses ouvrages.

08 14 ST SAUVEUR (29)Ce jardin était totalement en friche lorsque l'Association entreprit la restauration du lieu. Allées et parterres avaient disparu, mais à partir de quelques photos et dessins, mais surtout des nombreux textes que Colette y avait consacré, il fut recréé. Sido était passionnée par tout ce qui était vivant : les êtres humains bien sûr, mais également les plantes et les animaux. Elle a d'ailleurs transmis sa passion à sa petite dernière.

Au bout du Haut-Jardin, un escalier conduit au "Jardin-du-bas",

08 14 ST SAUVEUR (28)décrit par Colette dans "la maison de Claudine" (1922) : "Le Jardin-du-Haut commandait un Jardin-du-Bas, potager resserré et chaud, consacré à l'aubergine et au piment, où l'odeur du feuillage de la tomate, en juillet, se mêlait au parfum de l'abricot mûri sur les espaliers".

Ce jardin, en contrebas, caché de la maison par les communs, permettait aux enfants d'échapper à la surveillance de leur mère... ils enjambaient la grille, passaient devant l'église puis se dirigeaient vers le lavoir et filaient dans les bois tout proches !

C'est la fin de la visite, nous quittons l'univers de Colette et de sa famille, et imaginons sans peine combien il a du être difficile pour une adolescente de 18 ans d'abandonner ce lieu qu'elle aimait tant. Dans pratiquement tous ses livres elle en parle, de manière plus ou moins romancée, car une part d'elle même était restée ici, dans cette maison, auprès de sa mère avec qui elle partageait un amour fusionnel.

Si vous passez dans ce petit village de Bourgogne, faites une halte, c'est vraiment une balade agréable.

La Maison de Colette

En entrant dans la maison, vous êtes invités à un voyage dans le temps et dans l'oeuvre d'un de nos plus grands écrivains. En savoir plus " Ma maison reste pour moi ce qu'elle fut toujours : une relique, un terrier, une citadelle, le musée de ma jeunesse...

http://www.maisondecolette.fr

Pour ma part, cela m'a donné envie de me replonger dans les "Claudine" 😁

 

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Commentaires
M
j'ai baigné dans l'univers Colette grâce à Jeannie Malige, mon amie, qui a publié une biographie de Colette et assistante de Bertrand de Jouvenel, ensemble, ils ont assuré la succession de l'oeuvre de Colette pendant quelques années
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P
Merci pour ce gentil message 😊 je viens de dénicher les "Claudine" (entre autres) en epub pour ma liseuse, je peux partager si MF a envie de s'y remettre aussi 😋<br /> <br /> Bises à vous deux, et à très vite.
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B
Très intéressant, effectivement pourquoi pas se replonger dans "les claudines" pour retrouver cette écriture précise, qui n'existe plus. Félicitations JCB
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