5 juillet 2023 - Beaune et les Hospices
Nous partons à la découverte de Beaune, sous-préfecture de la Côte d'Or, et connue dans le monde entier pour son négoce en vins de Bourgogne et ses Hospices.
Nous nous garons sur la promenade des remparts qui encerclent la ville et partons à la découverte de la ville. Qui dit remparts dit "porte" : voici le bastion St Martin, construit pendant la guerre de 30 ans (1637 pour ceux qui auraient oublié 😁) et qui commendait l'accès à la ville du côté ouest. Il fut transformé en promenade en 1765 puis prit le nom de "square des lions" en raison des deux statues qui en gardent l'accès.
Il existe également deux grosses tour aux angles de la ville, qui faisaient partie des fortifications dont celle-ci :Autre porte d'accès à la ville, construite en 1765 à l'emplacement d'une ancienne porte fortifiée médiévale. Elle délimite aujourd'hui l'entrée du quartier des vignerons.Voici la basilique Notre-Dame, construite dans la seconde moitié du XIIème siècle. Elle est classée depuis 1840 :Le Beffroi, ou tour de l'Horloge, fut édifié au XIIIème siècle. Son capanile surplombait la ville, permettant à tous d'entendre la cloche sonner.La ville comporte beaucoup de façades en pierre ornées de sculptures :
L'hôtel de ville, avec au premier plan une scultpure représentant "l'éloquente" :
L'entrée d'un négociant en vins :
Sur le mur d'enceinte, une peinture qui nous rappelle les différents cépages de la région :
Sur une petite place ombragée, statue d'Etienne-Jules Marey, inventeur et médecin du XIXème, né à Beaune
La maison du colombier, hôtel particulier du XVIème siècle, avec sa tour et son échauguette d'angle. C'est aujourd'hui un restaurant.
La Bouzaize passant sous le pont fortifié et longeant un joli lavoir :
Sur la place de l'hôtel Dieu, c'est jour de marché :
Dommage, la magnifique halle n'est pas ouverte (j'aurais pas aimé être le couvreur 🫣. Et nous voici devant l'Hôtel Dieu :
Alors les Hospices de Beaune, comme les falaises d'Etretat ou Venise, font partie des choses que je rêvais de voir... et bien voilà, j'y suis 😋et je ne suis pas déçue ! L'architecture est magnifique,
et les tuiles vernissées brillent au soleil
Le bâtiment fut édifié au XVème siècle, dans le style gothique flamboyant. Célèbre dans le monde entier, tant par son architecture remarquable que par son domaine viticole dont la production a toujours été vendue aux enchères pour financier son fonctionnement.
Il a été actif jusqu'aux années 1960, c'est aujourd'hui un musée qui retrace son histoire.
Les travaux ont débuté dans les années 1440, et l'établissement était indépendant de tout ordre religieux. C'est en 1459 qu'est créé l'ordre des soeurs hospitalières de Beaune, qui associe vie monastique et aide aux pauvres et aux malades.
Dans la cour intérieure, on peut voir un puits en ferronerie gothique et admirer de près la magnifique toiture en tuiles vernissées de quatre couleurs (jaune, vert, brun et rouge) formant des entrelacs géométriques :
La visite intérieure commence par la salle des "pôvres" ou "grande salle" : De dimensions imposantes : 50 mètres de long, 14 de large et 16 de haut, elle est couverte d'une charpente monumentale, apparente et peinte. Les poutres sont soutenues par des gueules de dragons multicolores qui évoquent les monstres de l'enfer...
Sur le sol, on trouve des carreaux de carrelage au monogramme de Nicolas Rolin, duc de Bourgogne et fondateur des Hospices. On peut également y lire le mot "seulle*", qui signifie que son épouse est la seule femme de ses pensées 💕La salle est occupée par deux rangées de lits à rideaux, le centre de la pièce étant réservé aux tables et aux bancs pour les repas. Derrière le rideau du fond, il y a un couloir dans lequel étaient installées les chaises d'aisance :
La chapelle fait partie intégrante de la salle des "pôvres".Dans le prolongement de la chapelle, la salle St Hugues, réservée aux malades plus "aisés". On y trouve de très belles peintures murales représentant les miracles du Christ :
Dans la salle St Louis, des vitrines présentent les objets de la vie quotidienne au XIXème siècle :
La cheminée de la salle St Nicolas, qui accueillait les malades les plus graves :
Nous passons ensuite dans la cuisine, où il y a une très grande cheminée à double foyer équipée d'un tourne-broche automatisé datant de 1698 animé par un petit automate en costume traditionnel appelé "Messire Bertrand" qui semble tourner la manivelle tout en surveillant la cuisine :
La pièce est présentée telle qu'elle était au début du XIXème siècle, avec son grand fourneau équipé de deux robinets à cols de cygneNous passons ensuite dans l'apothicairerie (pharmacie) aux nombreuses étagères chargées de bocaux et de flacons :
et comportant tout le matériel nécessaire à la préparation des remèdes :
La dernière salle que nous visitons a été créée dans la grange (bâtiment du fond), et abrite des coffres, des tapisseries et une fontaine, ainsi qu'une oeuvre remarquable peinte au XVème siècle : le polyptyque du jugement dernier. C'est une oeuvre du peintre flamand Rogier van der Weyden, composée de 9 panneaux mobiles en chêne peints, dont 6 sur les 2 faces.
Polyptyque ouvert tel qu'on peut le voir :
Polyptyque fermé (photo du net) :
Après le déjeuner, nous allons visiter la dernière grande moutarderie familiale de Bourgogne. Située à proximité des remparts, la moutarderie Fallot fabrique de la moutarde depuis 1840. Elle a conservé le même savoir-faire au fil du temps : broyer les graines de moutarde à la meule de pierre, ce qui permet de conserver toutes les qualités gustatives. Aujourd'hui, ce sont une vingtaine de salariés qui produisent chaque année 2.500 tonnes de moutarde (soit plus de 6 millions de pots 🤪).
Depuis 2003, dans une partie de l'ancienne usine, un "parcours découverte" a été ouvert au public. Nous allons comprendre comment la moutarde est fabriquer... et même en fabriquer !.
Nous sommes accueillis par une meule de pierre. Le procédé est le même que pour la farine : les graines arrivent entre les deux meules et sont écrasées jusqu'à obtenir une pâte grossière, à laquelle on adjoint le "verjus" un mélange de vinaigre, sel et eau. A l'origine, il existait un cépage en Bourgogne (appelé "verjus") qui a disparu lors de la grande épidémie de phyloxéra. C'est à partir de cette époque que le vin blanc a été remplacé par le vinaigre. Revenons à notre pâte : une fois mélangée au verjus, nous obtenons la moutarde "ancienne". Pour que cela devienne de la moutarde "de Dijon", il faut retirer les écorces à l'aide de filtres. Nous apprenons que le terme "moutarde de Dijon" fait référence au procédé de fabrication et non au lieu de production, car le nom n'a pas été protégé. Les moutardiers de Bourgogne ont donc déposé une IGP (Indication Géographie Protégée) pour leur "moutarde de Bourgogne". Lorsque vous achetez de la "moutarde de Bourgogne" vous êtes sûrs qu'elle vient de Dijon ou des environs, et qu'elle a été fabriquée avec des graines de moutarde produite en Bourgogne et que le verjus est fait à base de vin blanc, un nouveau cépage ayant été créé uniquement pour ça.
Une fois la moutarde "fine" obtenue, on peut l'aromatiser à l'aide de différentes épices : cassis, noix, piment d'Espelette, basilic....
Maintenant que nous avons appris comment faire... eh bien il faut passer à l'acte : nous sommes placés devant un bol contenant des graines, et qu'il faut broyer à l'aide d'un pilon... nous découvrons que les graines de moutarde sont coriaces... il faut toute l'énergie et les muscles de l'Homme pour en venir à bout 💪.
Nous ajoutons le verjus, mélangeons... et goûtons... pouah, c'est pas bon 🥴 : c'est très amer. Notre guide nous explique qu'en fait, la graine broyée dégage des molécules qui mettront 48 heures à se dissiper. Donc quand on fabrique de la moutarde, on la laisse tranquillement reposer 2 jours avant de la mettre en pot !.
Nous passons ensuite dans une pièce où sont exposés tous les anciens matériels de fabrication. Munis d'un audioguide, nous nous déplaçons de machine en machine, où on nous explique chaque étape de fabrication.
C'est très sombre, les photos ne sont pas terribles...
Dernière étape du circuit, la "dégustation" : sur un plateau, différentes bouchées sont déposées, ainsi que différents types de moutardes, natures ou aromatisées Alors, faut que je vous fasse une confidence : j'aime pas la moutarde 😏 mais j'ai goûté. Bon, ça pique... mais c'est pas mauvais.
Après un passage à la boutique pour rapporter quelques pots, nous avons regagné notre chambre d'hôtes où nous avons profité de notre petite terrasse face au jardin pour un apéro bien mérité !
Après une bonne nuit de sommeil, dans une chambre spacieuse,
nous allons prendre un petit-déjeuner reconstituant dans la salle commune avant de prendre la route pour la dernière étape de notre circuit : Dijon.